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Art

Conversation avec Koralie

Rencontres Urbaines de Nancy

À partir du 30 juin, la façade du site désaffecté d'Alstom, accueillera une nouvelle intervention artistique du parcours Art dans Nancy / ADN, inauguré à l'occasion des Rencontres Urbaines de Nancy 2022: Nomade, de l'artiste Koralie.

Elle nous dévoile dans cet entretien ses intentions et sa démarche...

Koralie, peux-tu nous dire qui tu es en quelques mots ? 
Je m'appelle Koralie, je me considère comme une artiste pluridisciplinaire car je travaille avec des outils et matériaux variés, j'utilise plusieurs techniques et j'interviens sur différents supports. Ma passion pour l'art, l'artisanat et l'architecture a débuté dans mon enfance. Je me suis ainsi dirigée naturellement vers des études artistiques. J'ai étudié les arts plastiques à l'université, et j'ai fais des études d'architecture à l'école de Montpellier. J'ai commencé à peindre dans la rue à la fin des années 90, avant que des galeries et des institutions me proposent de collaborer sur des projets d'expositions, de fresques ou d'installation en France ou à l'étranger.

On sent dans ton travail, des inspirations venues de loin, d'autres cultures : peux-tu nous en dire un peu plus ? 
Mes voyages et mon observation des différentes cultures influencent beaucoup ma créativité. Ce que je découvre m'offre une richesse esthétique très inspirante. Je mélange des éléments de toutes origines, je recherche l'équilibre des formes et de la composition afin de créer une harmonie multiculturelle.

Justement, sous quelle forme déclines-tu ces inspirations ?
Mon travail s'articule autour de notions que l'on retrouve autant dans l'œuvre de l'Homme que dans la Nature. J'entends par œuvre de l'Homme, l'architecture ou l'artisanat , et œuvre de la Nature, la composition des paysages ou le dessin des végétaux. Ces points communs qui inspirent mon travail sont la construction, la juxtaposition, la superposition, la répétition, les motifs, l'harmonie et l'équilibre. Le rapport entre l'Homme et la Nature est la colonne vertébrale de mon travail.

Tu travailles aussi bien en atelier que dans la rue, mais celle-ci occupe-t-elle une place particulière dans ta démarche ?
L'art dans l'espace urbain a toujours été au centre de ma curiosité et je suis particulièrement sensible à ce que peut provoquer une œuvre sur les passants, les habitants, et en particulier ceux qui n'ont pas pour habitude d'aller à la rencontre de l'art. L'art dans l'espace urbain interpelle notre regard et nous mène sur un chemin qui ne nous est pas commun. Il peut nous interroger, nous toucher ou tout simplement nous faire faire un pas de côté, une pause dans l'agitation de la ville, la routine du quotidien.

Pour les Rencontres Urbaines de Nancy 2022, tu as conçu le projet "Nomade" pour la façade d'Alstom. Pourquoi ce choix ?
Lorsqu'il a fallut que je choisisse un lieu d'intervention pour mon projet, je me suis beaucoup baladée dans Nancy, son centre et sa périphérie. Je cherchais un espace, un bâtiment, une ambiance qui m'inspirent. Après avoir parcouru la ville, traversé le parc de la Pépinière et longé le canal, j'ai eu un gros coup de cœur pour la façade d'Alstom : son architecture, symétrique et répétitive, sa situation géographique proche mais à l'écart du tumulte de la ville, la couleur des matériaux et la lumière du soleil qui s'y reflète…
J'ai trouvé le point de vue depuis le chemin très intéressant, nous avons du recul sur la façade, et nous sommes suffisamment en hauteur pour la contempler de face, un point notable puisque nous avons plutôt l'habitude de voir les bâtiments depuis la rue, en contre-plongée et donc déformés par la perspective. L'idée du projet m'a sautée aux yeux et j'allais m'appuyer sur cette architecture, témoin d'un patrimoine qui a nourri l'histoire de la ville, en mettant en exergue le dessin de sa façade principale.

Et à quoi va ressembler ton installation ?
J'ai imaginé une structure métallique qui reprend les lignes de cette élévation centrale en particulier révélant certaines ouvertures passées.J'ai réinterprété la technique des vitraux,en dessinant une armature au style art-déco et en remplaçant le verre par du tissus comme un gigantesque patchwork où les coutures seraient apparentes. J'ai composé un dessin en 6 parties qui représente un immense palmier au centre et deux plus petits de part en d'autre, en symétrie. Cette végétation est entourée de motifs, soit ajourés sur le mur, soit colorés par le tissus, comme une fenêtre sur la nature.'

Le choix du palmier, c'est pour évoquer l'ailleurs, l'exotisme ?

J'ai remarqué pendant mes voyages, que lorsque j'étais émerveillée par un décor en ville ou à la campagne, il y avait toujours un palmier dans mon champs de vision. Je trouve que le palmier embellit les paysages urbains et naturels, il met en valeur les architectures et les jardins. C'est pourquoi je le représente dés que l'occasion s'offre à moi !

Tu utilises un patchwork de tissus, et comme dans tes peintures, on voit une omniprésence de bleus...

  • C'est la couleur qui m'inspire le plus, elle est universelle, c'est le bleu du ciel et des océans, elle symbolise le calme, la sagesse, la liberté et ses nuances sont infinies. Elle a pris une place prépondérante dans la biographie de certains artistes. Elle est la piscine de David Hockney, Les Nymphéas de Claude Monet, les baigneuses de Paul Cezanne, les monochromes de Geneviève Asse, et les anthropométries d'Yves Klein. Je comprends pourquoi la couleur bleu a tant fasciné ces artistes, car quand on commence à l'observer, la comprendre, on a envie de l'utiliser de façon systématique et omniprésente.

  • Est-ce que le caractère souvent éphémère de l'art urbain joue un rôle dans ta création ? Tu ne craints pas de voir ton œuvre disparaître avec le temps ?

  • A ce stade du projet de réaménagement du futur nouveau quartier écologique Alstom, on ne sait pas si cette façade sera conservée par le projet architectural retenu ou si le bâtiment sera démoli, mais mon installation est prévue pour être nomade, d'où son nom.

  • J'ai imaginé une œuvre évolutive dont la première vie est ce vitrail de tissus sur la façade et dont la seconde vie pourrait être un paravent monumental dans un espace ouvert et une exposition de toiles dans un espace fermé.

  • En effet, l'idée serait de retirer l'installation de la façade comme l'écorce de son tronc et de séparer la structure métallique des châssis entoilés. L'armature dont les 6 parties seraient soudées entre elles, prendrait place dans son nouvel environnement, comme le parc de la Pépinière par exemple. Les toiles en patchwork, altérées par le temps, seraient retravaillées pour être exposées dans le musée des Beaux-Arts. Ainsi Nomade serait une empreinte du souvenir de ce bâtiment chargé d'histoire.

On est tous très impatients ici de découvrir ton installation, le 30 juin !

J'espère qu'elle vous embarquera dans ma parenthèse, que j'ai voulu poétique !

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