De l'art urbain pour fabriquer les villes

Quasi-inconnu des institutions jusqu'à l'aube des années 2010, l'art urbain fait désormais partie du catalogue culturel municipal dans bien des villes. De quoi l''institutionnalisation est-elle le nom? À travers des festivals, de l'action socio-culturelle dans les quartiers populaires, des fresques monumentales, des murs à programmation, des parcours touristiques, des budgets participatifs ou des projets d'aménagement, l'art urbain s'est infiltré dans de nombreuses facettes des politiques locales pour devenir un objet aussi commun que coloré des paysages urbains. Ce développement rapide et protéiforme est bien sûr, d'abord, le reflet dans nos rues de la légitimation d'un art populaire dans les galeries et les salles de ventes. Grâce au soutien de quelques associations, agents d'artistes et commissaires-priseurs avant-gardistes, quelques auteurs de graffitis sont devenus des artistes professionnels et reconnus, dont le travail circule autant dans les salles de vente que sur les murs pignon des métropoles.

Cette seconde journée de rencontres de l'édition 2022 de RUN explore ce que l'art urbain fait à la fabrique des villes de trois manières, en questionnant les transformations de nos rapports sensibles à la ville, en constatant l'émergence de nouveaux professionnels à la frontière de l'art et de l'urbain et en regardant enfin les transformations contemporaines de la politique culturelle, au prisme des partenariats et des innovations portées par les projets d'art urbain. Pour répondre à ces trois enjeux, l'analyse des chercheurs en sciences sociales et l'expérience des acteurs permet de nourrir des discussions et de proposer un état des lieux (provisoire) de la place de l'art urbain dans la fabrique des villes.