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Art

Qu’est-ce que l’art urbain ?

Avec Susana Gállego Cuesta

« Depuis les années 1960, l'art urbain regroupe les propositions artistiques protéiformes dans l'espace public. Aux origines illégales, subversives et éphémères, il s'agit en général d'œuvres ou productions plastiques prenant en compte le contexte de création de manière à le questionner, l'explorer, le marquer, le dégrader, le détourner ou le sublimer. L'art urbain comprend plusieurs mouvements et familles comme le graffiti, le néo-muralisme et le street art (l'affichage, le pochoir, le sticker, le détournement, les performances, les installations, etc.). L'art urbain continue aujourd'hui de se renouveler dans ses formes et ses contextes. »

La définition proposée par le Conseil d'administration de la Fédération de l'Art Urbain en janvier 2020 est l'aboutissement de longues discussions et de négociations terminologiques complexes. La Fédération est à l'image de cet « art urbain » qu'elle essaye de nommer avec beaucoup de précautions : diverse, voire hétéroclite, elle compte parmi ses membres des artistes, des commissaires, des historien.ne.s de l'art, des journalistes, des entrepren.eur.euse.s, qui ont toutes et tous leur propre définition du sujet. Pourquoi ce flottement?

C'est que le champ artistique concerné est parcouru de tensions et de rivalités fortes qui empêchent la stabilisation d'une appellation unique et simplificatrice. Comme dans tous les mouvements artistiques contestataires, d'ailleurs. Les avant-gardes du début du 20è siècle ne se sont-elles pas employées à écrire compulsivement des manifestes les distinguant chacune dans l'actualité artistique du moment ? Du futurisme au surréalisme en passant par le vorticisme, le lettrisme, le situationnisme ou le suprématisme, chaque groupe d'artistes a voulu affirmer sa spécificité, et le foisonnement terminologique a été la marque de la puissance politique et évocatrice de chaque instant. Pourquoi n'en serait-il pas de même dans l'art urbain ?

La difficulté dans ce domaine de l'art contemporain est que ses praticien.ne.s n'écrivent pas de manifestes que l'historien.ne pourrait facilement utiliser et comprendre... Il est donc nécessaire de faire un petit effort, que l'on soit dans la recherche scientifique ou dans l'admiration esthétique, et écouter la tradition orale. S'intéresser aux mots et apprendre à utiliser les appellations que les artistes concerné.e.s défendent est d'ailleurs la meilleure introduction à cet art vivant, souvent provocateur et toujours surprenant qui déjoue encore et encore les tentatives maladroites de le mettre en boîte.

Art dans Nancy

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