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Sport

Sports urbains

Christian Omodeo

Vers 1970, les villes deviennent des lieux d'élaboration de nouvelles pratiques sportives. Rues, parcs, places, parkings et rampes d'escaliers se remplissent progressivement de personnes - souvent jeunes, voire très jeunes - qui souhaitent pratiquer des activités physiques ou sportives, sans toutefois prendre en compte les usages réglementés de ces espaces.
Cette tendance apparaît initialement dans le milieu des “sports de glisse”. Skateboard, BMX, roller et, plus récemment, trottinettes ont été les premier sports à imaginer et définir ces usages imprévus de l'espace urbain. Depuis, toutefois, d'autres disciplines comme le parkour, le crossfit, le street workout, le street ball et le street golf sont venues enrichir la longue liste des sports urbains, favorisant la mise en place d'un nouveau genre d'aménagements urbains.

Cerner l'histoire des sports urbains signifie aussi analyser leur rapport aux pouvoirs publics. Ainsi, il faut rappeler que l'image des sports alternatifs a longtemps été ternie par leur méfiance vis-à-vis des règles, mais qu'une attitude plus constructive a pris le dessus à partir des années 2000, quand les pouvoirs publics ont saisi leur importance dans d'autres domaines, comme la création de liens sociaux ou le combat de la sédentarité. La mise en place d'un dialogue fertile entre institutions et sports urbains a permis de mieux comprendre les besoins spécifiques de ces pratiques en termes d'aménagements urbains, mais aussi de saisir les motivations spécifiques qui animent leurs acteurs. Là où les sports classiques accordent une grande importance à l'esprit de compétition et au sens de la performance, en effet, il est désormais clair que les sportifs urbains sont davantage motivés par le plaisir, la passion et le sens du partage et que c'est ce besoin de liberté qui les fait fuir face aux tentatives d'encadrement de la part des pouvoirs publics.

L'arrivée des sports urbains aux Jeux Olympiques, la constitution de nouvelles fédérations, ainsi que l'élargissement des contours de fédérations préexistantes en cours ces dernières années créent un cadre idéal pour formuler de nouvelles propositions en termes d'aménagements urbains et de leurs usages. Comment penser la ville et laisser aux sports urbains la place qu'ils y méritent ? Comment valoriser leur capacité d'auto-évaluation et leur sens de l'autodiscipline ? Comment se confronter à des sportifs qui considèrent la pratique physique comme une culture et un mode de vie bien plus que comme une simple activité ? Voici autant de questions auxquelles une initiative comme les Rencontres Urbaines de Nancy - RUN souhaite répondre à l'ère du sport-santé, pour consolider l'émergence d'une pratique sportive libre, gratuite et auto organisée, sans la contraindre à s'adapter à des cadres établis pour des disciplines sportives mues par des motivations de différent ordre.

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